Les humains sont microbiens, écosystèmes et symbioses. Chaque individu adulte interagit avec 50,000 milliards de bactéries et bien d’autres microbes qui sont présents sur la peau et à toutes les interfaces mucosales de l’organisme. Nos microbiotes nous apportent des fonctions essentiellement protectrices. Pourtant, la symbiose humain-microbes est fragile et les changements récents dans nos modes de vie peuvent avoir favorisé son altération, fréquemment associée à des troubles chroniques et des maladies dont l’incidence augmente, de façon incontrôlée, depuis plusieurs générations. Parmi celles-ci, les troubles neuropsychiatriques occupent une place alarmante. Dans ces contextes, la perte de richesse de nos microbiotes intestinaux s’accompagne de perméabilité intestinale, d’inflammation et de stress oxydant que des causalités circulaires rendent impossibles à prévenir ou résoudre par les stratégies actuelles qui ne gèrent que les symptômes et le plus souvent de façon organe-centrée. La prévention et la médecine de l’humain-microbien représentent ainsi de réelles urgences en matière de santé publique, quand l’OMS prédit qu’une personne sur 4 sera concernée par au moins une maladie chronique et souvent plusieurs à la fois, dès 2025. Nous illustrerons comment dans le contexte de troubles de la santé mentale, tout particulièrement quand ils sont associés à des symptômes intestinaux, optimiser la relation de symbiose que l’on entretient avec nos microbes peut être un levier de prévention et de thérapie utile. Des essais cliniques en cours visent aujourd’hui à en valider la pertinence chez les sujets à risque. Enfin nous illustrerons comment, dans des contextes d’impasses médicales où la survie du patient est menacée et où la médecine n’a plus de solutions, c’est la reconstruction complète de la symbiose par le transfert de microbiote fécal qui est explorée aujourd’hui. Les options de prévention vers lesquelles nous oriente la science du microbiote sont également alignées avec les enjeux de durabilité des systèmes vivants et la santé planétaire.

Cette conférence sera traduite en langue des signes